Glaçons sur la Seine (1867-1868)

sur le chemin des Impressionnistes

Claude Monet capte l’atmosphère brumeuse de l’hiver.

La représentation du fleuve et l’arrière plan sont traités en larges touches de peinture presque monochrome ; le ciel et l’eau viennent se fondre dans une harmonie de tons gris. Quelques personnages, venant puiser l’eau avec leurs seaux, dessinés à coups de pinceau vifs et précis, animent la rive du fleuve rompant l’impression d’immobilité.

La glace, flottant à la surface de l’eau, deviendra un thème important dans son œuvre.


« Glaçons sur la Seine à Bougival », toile peinte durant l’hiver 1867-1868 atteste la présence de Monet qui vient peindre sur le motif à une quinzaine de kilomètres de Paris. Déjà en 1865, 1866, Monet avait peint des scènes de neige aux environs de Honfleur, en Normandie où Boudin et Jongkind l’avaient entrainé à peindre en plein air. On peut citer à ce propos un article dans le Journal du Havre du 9 octobre 1868 « nous l’[Monet] avons aperçu, c’était en hiver, pendant quelques jours de neige…Il faisait un froid à fendre les cailloux. Nous apercevons une chaufferette, puis un chevalet, puis un monsieur, emmailloté dans trois paletots, les mains gantées, la figure à moitié gelée : c’était M. Monet, étudiant un effet de neige. » Ces premières scènes de neige qui représentent des routes sont exécutées à coup de pinceau net et vigoureux, avec des empâtements. En comparaison la peinture de « Glaçons sur la Seine à Bougival » est plus sobre : figures et autres détails du premier plan sont saisis à coups de pinceau vifs et précis qui donnent vie aux personnages qui viennent avec leurs seaux puiser de l’eau dans la Seine. La représentation du fleuve et l’arrière plan sont traités en larges touches de peinture presque monochrome qui captent l’atmosphère couverte et brumeuse du paysage hivernal et donne l’impression d’immobilité et de silence.
Ce tableau serait à rapprocher de certains tableaux de Whistler que Monet pouvait avoir vus, en particulier « La Tamise gelée » un sujet de plein air de 1860 exposé à Paris en 1867. On y trouve les mêmes effets de brouillard monochromes. Ces deux artistes avaient déja pu se rencontrer dans l’atelier du peintre suisse Gleyre établi à Paris et formant de nombreux peintres dont Renoir, Bazille et Sisley, les futurs impressionnistes.
Lorsqu’à l’automne 1870 Monet vient se réfugier à Londres ainsi que Pissarro, pour échapper à la guerre franco-prussienne, ils pourront découvrir l’art de Turner dont les toiles étaient exposées à la National Gallery. Cette rencontre de Monet avec l’œuvre de Turner deviendra l’un de ses points de référence jusqu’à la fin de sa carrière, principalement par la recherche d’effets éphémères d’atmosphère et de lumière. Pour exemple, citons : « Le lever de soleil dans la brume » de Turner, exposé en 1852 à la National Gallery à rapprocher de « Impression, soleil levant » 1872-1873, tableau fameux de l’exposition de 1874, manifeste du mouvement impressionniste.

Claude Monet glacons sur la seine

 

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