Claude Monet (1840-1926) est sans doute l’un des chefs de file des impressionnistes. Il a associé son nom à Bougival où il a beaucoup peint et à Giverny, où était sa maison, un peu plus loin le long de la Seine.

Claude Monet glacons sur la seine

« Glaçons sur la Seine à Bougival », hiver 1867-1868, huile sur toile 65×81 cm, Paris, musée du Louvre, collection Hélène et Victor Lyon. Cette toile atteste la présence de Monet qui vient peindre sur le motif à une quinzaine de kilomètres de Paris.

Déjà en 1865, 1866, Monet avait peint des scènes de neige aux environs de Honfleur, en Normandie où Boudin et Jongkind l’avaient entraîné à peindre en plein air. On peut citer à ce propos un article dans le Journal du Havre du 9 octobre 1868 « nous l’avons aperçu, c’était en hiver, pendant quelques jours de neige…Il faisait un froid à fendre les cailloux. Nous apercevons une chaufferette, puis un chevalet, puis un monsieur, emmailloté dans trois paletots, les mains gantées, la figure à moitié gelée : c’était M. Monet, étudiant un effet de neige. » Ces premières scènes de neige qui représentent des routes sont exécutées à coup de pinceau net et vigoureux, avec des empâtements.

En comparaison la peinture de « Glaçons sur la Seine à Bougival  » est plus sobre : figures et autres détails du premier plan sont saisis à coups de pinceau vifs et précis qui donnent vie aux personnages qui viennent avec leurs seaux puiser de l’eau dans la Seine. La représentation du fleuve et l’arrière plan sont traités en larges touches de peinture presque monochrome qui captent l’atmosphère couverte et brumeuse du paysage hivernal et donne l’impression d’immobilité et de silence.

Ce tableau serait à rapprocher de certains tableaux de Whistler que Monet pouvait avoir vus, en particulier « La Tamise gelée » un sujet de plein air de 1860 exposé à Paris en 1867. On y trouve les mêmes effets de brouillard monochromes. Ces deux artistes avaient déjà pu se rencontrer dans l’atelier du peintre suisse Gleyre établi à Paris et formant de nombreux peintres dont Renoir, Bazille et Sisley, les futurs impressionnistes.

claude Monet le pont de bougival

« Le pont de Bougival, ou La Seine à Bougival », 1869, huile sur toile 65×92 cm, Manchester, The Currier Gallery of art.

En 1869, installé au hameau Saint-Michel à Bougival avec Camille Doncieux et son fils Jean, Monet choisit de représenter le pont , inauguré le 7 novembre 1858, qui enjambait la Seine et reliait l’île de Croissy à Bougival. La composition rigoureuse du tableau, construit à partir de lignes géométriques, met en valeur la clarté matinale qui donne vie à la scène animée : embarcation sur le fleuve aux reflets bleutés, silhouettes des promeneurs rendus vivants par les grandes ombres projetées par les arbres et surtout mouvement tournant de la route du pont qui nous invite à quitter l’île pour rejoindre les quais du village. Refusant de créer une image topographique, c’est bien l’atmosphère douce d’une matinée ensoleillée que le peintre nous donne à voir, instantané pris sur le chemin de la Grenouillère.

Claude Monet1

« La Seine à Bougival le soir » 1869, huile sur toile, Smith College Museum of Art, Northampton (Massachusetts).

Par une belle journée d’été, captant l’illumination d’un ciel coloré où dominent les jaunes, les roses, les violines, Monet nous décrit la magie de la nature sur les bords de la Seine. Rentrant de la Grenouillère, où il a peint avec son ami Renoir, il s’arrête pour saisir les derniers effets du soleil sur l’eau où une embarcation se glisse dans le silence. Sur l’autre rive quelques maisons se détachent à peine de la ligne du coteau formant l’horizon qui se continue par l’élégante architecture de l’aqueduc de Marly, au lointain. Le pinceau, rapide pour esquisser la végétation du premier plan, n’oublie pas de nous faire voir la lumière passant à travers les arches de l’aqueduc, minuscules taches roses, prémices de la nuit qui s’annonce.

Avec les « Grenouillères » ce tableau conclut la période bougivalaise de Monet.

Note sur la période anglaise de Claude Monet

Lorsqu’à l’automne 1870 Monet part se réfugier à Londres, ainsi que Pissarro, pour échapper à la guerre franco-prussienne, il pourra découvrir l’art de Turner dont les toiles étaient exposées à la National Gallery. Cette rencontre de Monet avec l’œuvre de Turner deviendra l’un de ses points de référence jusqu’à la fin de sa carrière, principalement par la recherche d’effets éphémères d’atmosphère et de lumière. Pour exemple, citons : «  Le lever de soleil dans la brume  » de Turner, exposé dès 1852 à la National Gallery, à rapprocher de « Impression, soleil levant  » 1872-1873, tableau fameux de l’exposition de 1874, manifeste du mouvement impressionniste.

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